par Yvan Blot
Participation aux frais : réduite à 5 euros (gratuit pour les étudiants et les membres de Dialogue franco-russe)
La Science moderne a montré que notre cerveau comportait trois parties, reptilienne, néo mammifère et humaine qui guident nos instincts de base, nos sentiments et notre moralité, notre capacité à penser abstraitement et à innover.
Mais des penseurs anciens eurent l’intuition de cette réalité, surtout Platon qui développa sa théorie des trois parties de l’âme, l’épithumia ou âme désirante et animale, le thymos ou âme colérique qui est le siège du sentiment de l’honneur et le noos ou âme pensante et calculante. Pour Platon, on peut donc mener trois types de vie, une vie tournée vers les plaisirs et l’argent si l’épithumia l’emporte. On peut aussi être « l’ami de l’honneur et de la victoire » si le thumos l’emporte. Enfin, on peut être « l’ami du savoir et de la sagesse » si le « noos » l’emporte. Une bonne éducation fera du thumos l’allié du noos et permettra de mener une vie dirigée par le sens moral. A la tête de la Cité, Platon souhaite voir des gardiens qui sont un mixte de philosophes et de guerriers. En effet, en politique, la sagesse ne suffit pas : il faut aussi le courage du combattant pour faire triompher le bien. La mauvaise cité est celle qui est dirigée par les amis du plaisir et de l’argent sans aucun frein moral. L’Occident actuel, où les valeurs de l’Eglise et de l’armée sont marginalisées, aurait sans doute fait horreur à Platon. Il développe sa théorie de l’âme et de ses conséquences sur la politique et sur l’éthique dans « la République » et « le Phèdre » essentiellement.
Platon a été un précurseur du Christianisme, comme Nietzsche l’avait noté. Beaucoup de Pères de l’Eglise, qui vont affiner la doctrine chrétienne dans les premiers siècles qui suivent Jésus Christ, vont s’inspirer de la théorie platonicienne des trois parties de l’âme : c’est le cas notamment des pères grecs comme Evagre, Jean Climaque, Hésychius de Batos, Maxime le Confesseur, Jean Damascène, Marc l’Ascète, Thalassius et GrégoirePalamas, etc…
Plus récemment, on retrouve cette idée des trois types de vies qu’il y avait déjà chez Platon dans l’œuvre de Fiodor Dostoïevski. Notamment, dans les « Frères Karamazov », Dmitri n’est pas un mauvais homme mais il est dominé par ses instincts et fait tant de bêtises qu’il finit par être condamné injustement de parricide tant sa réputation est mauvaise. Ivan est dominé par son intellect, influencé par l’Occident et par l’athéisme, et il inspirera le parricide avant de sombrer dans la folie. Ivan est aussi l’auteur d’un récit nommé « le Grand Inquisiteur » où Dostoïevski développe l’idée que l’Occident a suivi les trois tentations que le Christa rejeté : celle de la technique (se jeter de la montagne pour être soutenu par les anges), celle de l’économie (changer les pierres en pains) et celle de la politique (le Diable propose au Christ de régner sur le monde). Face à ces trois tentations qui vont conduire l’homme au crime s’il n’a pas de sens moral, Dostoîevski propose le modèle du « Christ russe ». Son disciple est le troisième frère, Aliocha, qui est pieux et suit son « cœur ». Il est le précurseur d’un monde fraternel où l’homme trouve sa plénitude humaine et sa liberté en se rapprochant de Dieu.
On retrouve, bien sûr, à travers ces trois caractères, les trois vies de Platon sauf que le platonisme a tendance à mettre l’intellect au-dessus de tout (« on n’est jamais méchant volontairement » prétend Socrate) alors que le christianisme de Dostoïevski estime que le « cœur » est au centre de l’identité humaine et de sa dignité morale. On peut en effet être très intelligent et être un « démon » tourné vers le mal et le meurtre. C’est le cas du personnage de Stavroguine, capable de tuer de sang-froid, dans le roman « les Démons » où Dostoïevski peint la psychologie d’un groupe socialiste révolutionnaire qu’il connaissait bien. On dit que Lénine s’est retrouvé dans ce personnage d’où sa haine de Dostoïevski.
A travers Platon, les Pères de l’Eglise et Dostoïevski, on peut éclairer de façon nouvelle la problématique devant laquelle se trouve aujourd’hui l’Occident : celui-ci va-t-il s’effondrer dans la culture de mort et la barbarie, où l’intellect sert à justifier les instincts désordonnés, ou bien, redécouvrant sa tradition de l’humanisme grec et du christianisme, va-t-il retrouver l’importance du cœur, allié à l’intellect, pour s’élever moralement et faire triompher la vie ?
A très bientôt ! Amicalement
AGIR POUR LA DEMOCRATIE DIRECTE ET INSTITUT NEO SOCRATIQUE
73, rue de la Faisanderie 75116 PARIS.
Courriel : [email protected]
Site: www.democratiedirecte.fr
Tél : 06 88 75 36 13