par Nicolas Stoquer
Le pouvoir a tremblé durant le printemps 2013 et s’il n’en a rien laissé voir, c’est que tel un boxeur KO debout, il est apparu sans réactions, espérant peut-être même secrètement le coup porté qui le ferait se coucher, définitivement. Mais l’étincelle n’est pas venue coté manifestant qui aurait permis de transformer l’essai que tous les observateurs lucides l’ont vu marquer. L’Histoire a hésité, semblant embraillée avant que l’absence d’acteurs au niveau de la situation ne nous laisse au point mort, avec un pouvoir moribond qui par deux fois en 1 an n’a du son salut qu’aux errements de l’adversaire et jamais à des qualités qui lui seraient propres. Car que François Hollande ne se fasse aucune illusion, ce n’est pas de divines surprises dont il s’agit depuis son ascension à l’Elysée mais de la continuation par d’autres voies du calvaire dont il est encore bien loin d’avoir expérimenté toutes les stations…
Face à un exécutif qui prend l’eau de toute part, il ne fallait certes pas compter sur l’opposition pour créer les conditions d’une alternative. Et l’actuel éparpillement des forces issues de la manif pour tous ne fait finalement que deux heureux, comme d’habitude serait-on tenter d’écrire, les communautarismes et le Front National qui n’avait pas participé aux manifestations du printemps dernier pas seulement pour des motifs anecdotiques (…) mais parce que la PME de Saint-Cloud voyait se constituer au sein de cette mouvance en gestation de sérieux rivaux en devenir, un exécutoire autrement plus efficace pour le peuple que ce que lui-même représente. Les mouvements épars de la manifestation pour tous se partagent pour leur part en deux blocs profondément divisés ou aucune conquête sérieuse du leadership ne saurait être envisagée. D’un coté les anciennes stars du printemps, essoufflées, en fin de parcours dont aucune ne fait l’unanimité, de l’autre les groupes activistes, souvent sympathiques mais dont on ne saurait prévoir l’avenir tant celui-ci relève plus de la providence que d’une réelle base permettant d’envisager ne serait-ce même qu’un début de commencement de rapport de force avec le pouvoir en place.
Deux raisons d’espérer encore néanmoins !
L’arrivée de nouveaux mouvements de contestation s’apparentant à des formes de frondes fiscales (Bonnets rouges, Tondus, etc.) qui pourraient trouver un second souffle s’ils engageaient en leur sein un profond effort de réflexion sur ce que pourrait être une fiscalité acceptable, ni confiscatoire, ni comportementale mais nécessitant une dose importante de démocratie directe pour recevoir le consentement populaire. Sans quoi assisterons-nous à une de ces nouvelles poussées de fièvre hexagonale néo-poujadiste sans lendemain.
Seconde raison d’entretenir l’espoir, se dire que ce qui nous a été présenté à l’origine comme un « mai 68 de droite » connaitra à l’avenir des victoires sur le fond (dont la nécessaire reconquête culturelle qui passe entre autre par une vision nouvelle de la valeur patrimoniale) en même temps qu’une extension à l’Europe entière de la contestation et un désarrimage salutaire d’avec l’influence américaine( Si mai 68 s’inspira des campus américains, la manifestation pour Tous due une part non négligeable de son succès au rejet massif d’un politiquement correct venu d’outre-Atlantique). Car enfin, l’élite médiatique et décadente ne manque jamais une occasion de soutenir et de se réjouir des mouvements d’opposition chez ses adversaires comme actuellement en Ukraine, plein de mansuétude pour les provocations des Femen en France(Urinant dernièrement sur des portraits du président ukrainien devant l’ambassade sans que les forces de maintien de l’ordre ne trouvent rien à gazer bien trop occupées à matraquer les manifestants jugés illégaux du Trocadéro. On ne parle pas là de la racaille des banlieues qui s’en était donnée à cœur joie en toute impunité dans un passé proche mais des contestataires qui avaient participés à la bronca des champs Elysées le 11 novembre dernier), ou vindicative et hargneuse pour exiger la libération immédiate de leurs sœurs jumelles russes, les Pussy Riot. Alors pourquoi se priver d’applaudir aux succés actuels des réformes d’un Vladimir Poutine, seul homme d’Etat européen avec l’Allemande Merkel ou regarder avec satisfaction l’apparition d’un mouvement « des fourches » en Italie ou l’insurrection fit penser un instant que les forces anti-émeute pactisées avec les manifestants.